Elles écrivent leur propre destin. Elles défient les mœurs en vigueur pour n’écouter que leur voix intérieure. Des femmes imparfaites, qui ne gagnent pas toujours, mais qui nous donnent le courage de la liberté. Il n’y a pas d’âge ni d’époque pour être insoumise. Voici donc une liste (non exhaustive !) de 5 films, 5 époques, qui racontent des femmes fortes.
Ère victorienne : Katherine, dans The Young Lady
Le pitch : Rondeurs suaves et regard acéré, Katherine (alias Lady Macbeth) se retrouve mariée à un
homme imbuvable ayant l’âge d’être son père. Le seum. On la tient enfermée dans un manoir glacial, enserrée dans un corset rigide, soumise à la condition d’une femme de son époque. Alors forcément, au bout d’un moment, elle étouffe. Et quand Katherine explose, elle n’y va pas à moitié.
Pourquoi c’est une vraie badass : replaçons le film au sein du contexte difficile dans lequel il évolue : tiré d’un roman de Leskov sans concessions (comme souvent chez les auteurs russes) sur le régime féodal de son pays, l’histoire transposée en Angleterre dépeint les conséquences dramatiques sur la psyché d’une jeune femme du système de caste anglais, le tout mâtiné d’esclavagisme. La violence étouffante du film et de ses personnages doit donc, à notre sens, être lue à la lumière de son environnement. Insoumise jusqu’au bout, une folie gronde derrière le regard sombre de Katherine, héroïne qui fait exactement ce qu’elle veut, sans craindre les représailles. Fait le mur, se prend une cuite sous les yeux de son mari, puis un amant (également sous ses yeux), et est prête à tuer de sang froid pour continuer sa divinidylle.
50s : Monika, dans Berlin 56
Le pitch : Berlin en 1956. Le top d’opportunité de carrière pour une femme, c’est d’être une parfaite petite maîtresse de maison. Amazing. Caterina, sévère directrice d’une école de danse, compte bien marier ses trois filles à un bon parti. Mais la tâche se révèle plus ardue pour la benjamine, Monika, qui 1) s’est faite renvoyer de l’école des arts ménagers, 2) n’a aucune envie de se faire passer la bague au doigt, 3) se déhanche toute la nuit dans des clubs de rockn’roll. Bad guuurl… Pourquoi c’est une vraie badass : Le rockn’roll, c’est cette danse « obscène », où les filles se trémoussent jambes écartées (#noway). Toutes ces nuits endiablées à se déchaîner dans les clubs de rock vont naturellement mener Monika à continuer ses obscénités dans la chambre à coucher. Hors mariage (#nowaybis). Quand elle tombe enceinte, elle refuse de se marier pour rattraper le coup. Elle préfère suivre sa voie et continuer sa carrière de danseuse. OMGeee…
90s : Joy dans le film éponyme
Le pitch : Quand elle était petite, Joy voulait être inventrice. Mais 17 ans plus tard, la petite Joy a laissé place à une mère de famille surmenée, qui loge et s’occupe de ses deux enfants, sa grand-mère, son ex-mari et ses parents divorcés. Normal. En plus d’avoir un job de m*** pour payer (difficilement) les factures, elle fait le ménage et la cuisine. Hello la charge mentale. Alors qu’elle est une fois de plus en train de laver le sol, elle a l’idée d’une serpillère révolutionnaire et décide de créer son propre business.
Pourquoi c’est une vraie badass : Parce qu’on assiste à la transformation d’une Cendrillon des 90s à la tête d’une famille matriarcale en businesswoman intrépide et fière. Femme dans le monde du business régi par les hommes, elle ne recule ni devant les refus, ni les échecs, elle sait négocier comme un chef et montrer les dents quand il le faut. Graouu. Un toast aux auto-entrepreneures.
2000s : Waris Dirie, dans Fleur du désert
Le pitch : Waris, petite fille nomade, vit avec sa famille dans le désert de Somalie. À 5 ans, elle est excisée. À 13 ans, elle est promise à un sexagénaire. Pour y échapper, elle se fait la malle à travers le désert. Son périple la mène à bosser au Mc Do à Londres, où un célèbre photographe la remarque et fait d’elle une top modèle que les défilés s’arrachent. Lors d’une interview, elle brise le silence autour de l’excision et devient ambassadrice à l’ONU pour lutter contre les mutilations génitales féminines.
Pourquoi c’est une vraie badass : Déjà il faut avoir un sacré esprit de rebelle pour, à l’âge de 13 ans, traverser le désert au péril de sa vie et quitter tout ce qu’on a jamais connu pour échapper à une vie toute faite. Il faut aussi avoir un courage immense pour parler publiquement d’une chose aussi intime que l’excision et depuis, lutter sans relâche contre cette pratique.
Mais autant l’adaptation sensible de Liya Kedebe est poignante, autant lire l’autobiographie, les interviews et visionner des vidéos de la « vraie » Waris nous fait découvrir une femme bien plus tenace et subversive que la princesse de conte de fées présentée dans le film. Jeune fille, Waris argumente férocement pour obtenir d’aller chez son oncle à Londres, une fois là-bas, elle enterre son passeport pour éviter de devoir rentrer en Somalie. Plus tard, elle pique le passeport d’une copine pour se rendre à un shooting, se teint les cheveux en blond, déménage à New York, écume les castings pour réussir en tant que mannequin noire, et drague ouvertement l’homme qui lui a tapé dans l’œil. Sa chance, elle la provoque. Son credo ? « Je fais ce que je veux, c’est la clé du succès. »
Aujourd’hui, Waris Dirie n’hésite pas à tacler le milieu de la mode, qui devrait être « l’expression ce que vous êtes et des idées que vous défendez. Aujourd’hui, elle dégrade la femme, lui manque de respect, c’est de la pure maltraitance. »
Et le rôle d’ambassadrice à l’ONU, qu’elle finit par abandonner : « En fait, ils n’ont aucun intérêt à faire cesser les mutilations sexuelles, sinon ils le mettraient en tête de l’agenda. Si tous les hommes politiques se levaient en même temps pour affirmer publiquement que c’est intolérable, moi je n’aurais rien à faire. On ne serait plus là à en parler encore aujourd’hui. »
Son conseil à une jeune Somalienne (valable pour tout le monde, en fait) : « N’accepte rien que tu n’aies décidé. Tu as des droits. Bats-toi pour qu’on te respecte. Tu ne dois pas avoir peur. »
2010s : Wadjda, dans le film éponyme
Le pitch : Wadjda, 12 ans, vit avec sa famille à Riyad, en Arabie Saoudite. Un pays où les femmes n’ont pas le droit de conduire, de sortir seules dans la rue, de se montrer tête découverte, de figurer sur l’arbre généalogique… ou de faire du vélo. Seulement la petite fille n’est pas du genre à se laisser limiter par le qu’en-dira-t’on (et la loi) : le jour où elle aperçoit un vélo à vendre au détour d’une rue, elle se met en tête de l’acheter.
Pourquoi c’est une vraie badass : Du haut de ses 12 ans, Wadjda comprend qu’il n’y a pas d’âge pour être rebelle. Elle troque ses souliers vernis pour des Converses, porte le jean sous son abaya (le style avant tout) et écoute à fond le rock n’ roll. La petite fille veut battre son voisin à la course en vélo, mais sa mère refuse de lui en acheter un ? (C’est pas pour les filles, voyons !) Pas de problème. Auto-entrepreneuse en herbe, elle démarre un commerce au black de bracelets et de cassettes de chansons d’amour dans la cour de l’école. L’institutrice démantèle son business et la punit ? Pas de problème. Elle s’inscrit à un concours de récitations coraniques dans le but de remporter le gros chèque. Big-up à Haifaa al-Mansour, la réalisatrice : Wadjda est le premier long-métrage réalisé par une femme en Arabie saoudite.
Et vous, quels sont les films et les héroïnes qui vous ont marqué·e ? Laissez nous vos suggestions en commentaires !
Dans The Young Lady l’amant c’est le mec qui commence par torturer une autre femme puis tente de violer l’héroine. Et là, retournement de situation, elle succombe soudainement à son charme et c’est la passsssion. Bref, le vieux fantasme masculin de la femme qui a secrètement envie de se faire violer, d’ailleurs c’est réalisé par un mec. Franchement on a vu plus badass
Hello Julie, merci pour ton message ! Je répéterai ce que je t’ai répondu sur Facebook. Suite à ta remarque, on a remanié cette partie de l’article. Après, on ne va pas fustiger le film pour sa violence intrinsèque, et ce n’est pas parce qu’il montre des réalités sociétales qui ne sont pas plaisantes à voir qu’il faut le taxer de misogyne. Katherine n’en demeure pas moins, à notre sens, une très intéressante héroïne.