Maia, du blog Nouvelles de Nuit, publie désormais ses histoires érotiques dans notre magazine. Ce soir, il est question de mouvement de va-et-vient, ceux d’un ascenseur, théâtre de multiples fantasmes.
On accède à nos bureaux par un ascenseur. Il y en a quatre en tout. Nous sommes au dix-huitième étage de la tour. Chaque jour, matin et soir, je prends l’un de ces ascenseurs. Chaque jour, matin et soir, il prend cet ascenseur. Il arrive que nous le prenions à la même heure. Il arrive que nous montions dans le même, alors mes pensées dérivent. Dix-huit étages c’est lent, c’est long, c’est suffisant pour rêver à ce qui pourrait se passer s’il était très tôt ou très tard, si nous montions dans le même ascenseur, si nous étions seuls. Seuls…
Je termine tard, je suis la seule dans l’open space, je n’ai pas vu l’heure passer, énième dossier urgent à rendre. Quand « urgent » ne fait plus aucun sens… Je rassemble mes affaires, j’ai même la flemme de changer mes chaussures. Tant pis je reste en talons. Et tant pis je commanderai un Uber. J’appuie sur le bouton de l’ascenseur. La porte s’ouvre, réflexe je me regarde dans le miroir, les portes se referment mais — Attendez ! Une main. Les portes se rouvrent.
— Oh salut !
— Salut.
Les portes se referment. Je ne sais pas quoi dire. Je le regarde avec envie chaque fois qu’il passe devant mon bureau depuis des mois. Il me connaît sans me connaître. On n’est pas du même service. Alors qu’est-ce qu’on aurait à se dire… Il esquisse un sourire. Je lui rends son sourire. Je rougis. Je me mords la lèvre parce que j’aimerais ne pas rougir. Cet ascenseur est long, tellement long. Il ne reste plus que quelques étages. Les portes s’ouvrent, il me dit — Bonne jouit !
J’éclate de rire, il ne sait plus où se mettre, les portes de l’ascenseur se referment
Je le regarde, il me regarde, j’éclate de rire, il ne sait plus où se mettre. Les portes se referment, il tend la main par réflexe, elles se rouvrent, il me regarde, je lève mon visage vers lui, plus personne ne rit. Il appuie sur le bouton du tout dernier étage puis il se jette sur moi. Je fais tomber mon sac à terre. Je me laisse dévorer, littéralement dévorer. Mes bras reposent contre le miroir froid dans mon dos, mon visage est tourné vers les lumières. Sa main droite se perd dans mes cheveux emmêlés, sa main gauche cherche mes lèvres, mon cou, puis au son de mes gémissements rauques elle s’encanaille, vient chercher mes seins, mon soutien-gorge, la chair qui s’y cache. J’écarte mes cuisses, je ne pense pas. À rien. Seulement à ce plaisir incroyable qui monte à toute allure. Je ne me pose aucune question, je sais que je mouille, je sais qu’il peut me pénétrer à tout moment. Sa main droite ne quitte pas mon visage, ses lèvres sont sur les miennes, parfois il mord à mon cou. Mais sa main gauche continue de m’explorer, mon ventre, mes hanches, ses doigts s’impriment dans mes poignées d’amour, puis il glisse sous ma jupe, se frotte à mon slip. Il s’est mis à gémir lui aussi. Son front tape contre le miroir au moment où ses doigts écartent le tissu et me pénètrent. Nouveau soupir, nouveaux gémissements, en écho. Deux doigts vont et viennent en moi. Mes seins s’agitent, cette fois mes mains les rejoignent. Il se recule pour mieux me regarder. J’ouvre les yeux, je jette un œil au décompte des étages. Ses doigts s’arrêtent, il regarde le compteur à son tour.
— On s’en fout. On s’en fout.
Les mots sont sortis de ma bouche tremblante.
Il défait sa ceinture, prend sa verge dans sa main et s’approche de moi. Je me dresse un peu plus sur mes talons pour mieux l’accueillir, puis c’est la délivrance. Je me fous de savoir si nous sommes arrivés, je me fous de savoir si quelqu’un est sur le point de monter dans cet ascenseur. Je me fous de tout, ce qui compte c’est lui en moi. Là.