Dans mon rêve il est un roi. Un roi sur un trône, insolent. Une guirlande de filles attend pour défiler une à une devant lui. Je suis la prochaine. Je regarde celle qui s’exécute, danseuse, le serpent de ses hanches, ses longs cheveux bruns, sa taille nue, pas jalouse pour si peu. J’attends mon tour, je sais que je ferai dix fois, cent fois mieux. Et puis s’il ne sait pas encore qu’il est mien, il le découvrira pour sûr.
Elle s’en va, je m’approche. Mon pantalon, à peine posé sur mes reins frôle mes cuisses, mon ventre est nu, mes seins à peine couverts d’un voile, les bras au-dessus de ma tête, j’attends la note. La musique démarre, je plie un pied, ma hanche gauche se soulève, l’or du voile sur mes seins se met à tinter. Un frisson parcourt ma peau, fraîcheur du métal. Mes bras dessinent une courbe, mes mains caressent une branche imaginaire, mes jambes se plient et se tendent, mes hanches ondulent, l’or tinte plus fort sur la musique.
Mon roi se lève, s’approche, me fixe de ses yeux affamés. Il descend de l’estrade, me contourne à distance, prédateur. M’encercle de toute son aura. Je reste droite, continue à faire onduler mes hanches, mes bras au-dessus de ma tête. Je fixe toujours son trône, désormais vide, l’ignore mais guette le moindre de ses gestes. Ses yeux descendent le long de mon cou, sur mon collier en lanières de cuir qui tombe entre mes seins, révélés par le voile transparent, ses yeux glissent sur mon ventre, mon nombril, l’aine où coule l’encre de mon tatouage avant de plonger sous les plis de mon sarouel.
Soudain il avance une main, ses doigts caressent les médaillons dorés qui s’agitent, évitent ma peau, précis. Je frissonne à nouveau, ma peau se perle et attend. Cette fois il avance une autre main, instinct, j’évite. Je glisse dans ma danse et me retourne, à quelques centimètres de sa main tendue, immobile. Je lève mon visage vers lui, plonge mes yeux verts dans ses yeux bruns. Mon roi me domine, de toute sa puissance, fauve prêt à bondir. Il me sourit, sur le point de me dévorer il me sourit, je tressaillis.
J’entends la ribambelle de cruches gémir et rire. Il est à moi. À moi voyez-vous. Après un instant d’hésitation les musiciens reprennent, je reprends ma danse du bout des hanches et de mes bras. Mon roi passe délicatement sa langue sur ses lèvres et avance lentement, lentement vers moi. Lentement il lève à nouveau sa main, lentement ses doigts s’approchent de mon ventre, à quelques millimètres de ma peau il s’arrête. Attend. Je frémis, fébrile, continue de danser, plus concentrée, prudente que jamais. Mes hanches ondulent, folles de désirs, mes mains oscillent, folles de plaisir, mais mon ventre lui se tient immobile. Ma nuque se perle de sueur, mon sarouel glisse, délice oui délice.
Il connaît la musique et au prochain silence je sais qu’il fera le dernier pas. J’attends, il s’approche, silence, ses doigts sont sur ma peau. Il me contourne, et pendant que ses caresses suivent le cercle, ma taille, mon dos, mes reins, il fait signe aux musiciens de reprendre. Il tourne, tourne autour de moi, me dévorant des yeux. Je tremble, ma vue se trouble, ma bouche s’entrouvre, mon pouls résonne. Je suis sienne, il est mon roi.
Puis il me plaque contre lui, une main sur la bouche l’autre sur mon pubis. J’entends les filles qui crient de surprise avant de s’enfuir. Les musiciens hésitent puis accélèrent le rythme. Mon roi saisit ma main, me retourne brutalement et me force à m’agenouiller, la main sur son sexe tendu. À genoux, affamée de désir, je déboutonne son pantalon de toile et le prends dans ma bouche, soumise, adorée adoratrice. Il est à moi, à moi seule. Ma langue, mes lèvres, j’embrasse, je lèche, j’embrasse encore, suce ce sexe que j’adore. Vous voyez bien fades danseuses et musiciens, il est à moi. À moi, mon roi. Et je danse pour lui.
Image d’illustration : « _Belly dancer-17 » par Kmeron