“David Lafore passe à Paris, il faut que tu y ailles !” : c’est à peu près en ces termes à l’enthousiasme communicatif que Jule, ma très chère binôme, m’a enjoint à me rendre au concert du-dit chanteur. Alliant des goûts musicaux oscillant entre métal et Rihanna je ne connaissais pas David Lafore, si ce n’est via un article alléchant de Jule rédigé lors du dernier festival d’Avignon. Qu’à cela ne tienne, je me décide à me rendre au concert et à me faire la discographie en accéléré de l’artiste dont le dernier album, « Les Cheveux », est sorti en 2017.
Cherchez « David Lafore » sur Internet et vous trouverez pléthore d’articles rivalisant d’adjectifs dithyrambiques afin de qualifier ses prestations scéniques. De fait, que dire qui n’ait pas maintes fois été déjà énoncé ? Je vous épargnerai donc le pénible exercice de style – surtout qu’à contre-courant de l’hilarité générale que semble susciter ses concerts, l’humour acidulé et absurde me rappelle plutôt à des motifs de dépression que de gaudriole chevronnée (mais cela en dit sûrement plus sur moi que sur le concert, d’une indéniable qualité soit dit en passant) -.
Je vous laisse donc avec l’interview qui suit, ayant eu la chance de rencontrer l’artiste juste avant sa prestation. La rencontre est retranscrite à la virgule près sans nettoyage, pour un effet 1) « authentique » 2) « comique » 3) « incompréhensible » 4) « limite gênant » 5) « grosse feignasse » garanti. N’hésitez pas à aller voir David Lafore live : rires ou pas, vous passerez un excellent moment.
J’ai survolé le très fourni dossier de presse de 40 pages (gloussements), et il y a des noms qui reviennent beaucoup genre Philippe Katerine, Brigitte Fontaine… Se placer sous les auspices de gens comme ça, ça vous inspire, ça vous agace, “on s’en fout” ?
Bah non, moi aussi quand je vois un truc qui ressemble à rien j’essaie de trouver à quoi ça ressemble…
Roooôôôh… (onomatopée essayant le plus fidèlement de traduire le bruit d’incrédulité sortant de ma bouche)
Non mais c’est vrai !
D’accord… Enfin c’est pas rien là quand même ! Gainsbourg…
Non mais tout de suite on juge, on se dit : « ah tiens ça me fait penser à ça »… Enfin, tu fais pareil non ?
Ouais, mais quand ça ressemble à rien du coup je prends des gens qui pour moi ne ressemblent à rien (ricanements). C’est pas mal quand même ? C’est pas des gens qui vous inspirent ? « Tu » ? Je peux dire « tu » ?
Oui oui, on se dit « tu ».
Top. Du coup c’est des gens qui t’inspirent ou…
Ah bah oui oui, je les aime. Katerine, Brigitte Fontaine, Gainsbourg… Voilà, ouais.
Qui as-tu comme inspiration dans la musique, si il y en a ?
S’il y en a ? Euh… J’en n’écoute pas énormément, peut-être du baroque… Si, peut-être Purcell, ou alors ce qui se fait, je sais pas, Kanye West, des trucs comme ça… J’erre sur Youtube pour écouter les sons qui se font.
Et qu’est-ce qui t’a amené à la musique à la base ? C’était enfant ?
Ouais, c’était adolescent. Enfant, on a essayé de me forcer et ça n’a pas vraiment marché. Et puis après adolescent, ouais à la guitare et puis, écrire une première chanson ouais, à 14 ans, que je chante des fois, encore, sur scène.
Et comment elle a évolué ?
Bah je la chante telle qu’elle était, je chante l’originale (gloussements).
Et elle passe encore ?
Bah je la présente comme telle, comme ma première chanson, comme une espèce de chanson manifeste. Ça s’appelle “Pépé et mémé”. Si tu veux, je te la chante ?
Bah je veux bien !
(Chante) “Pépé et mémé sont resté.e.s sur le bord de la cheminée, ils ont cramé (rires de moi et de l’attachée de presse), pépé et mémé sont resté.e.s sur le bord de la cheminée, ils ont cramé. Et papa et maman nous ont donné à manger, une mémé bien grillée, c’est bon à bouffer, et papa et maman nous ont donné à manger, un pépé (arrête de chanter) avec de la moutarde et du ketchup, enfin tout ce que tu veux… (Reprends la chanson) C’est bon…. Je l’ai fait courte parce que ça a cramé très vite. Et donc voilà, c’est ma première chanson.
Et tes chansons un peu plus dures, ou plus vieilles, elles s’intègrent toujours dans le spectacle ?
Moi j’ai l’impression. Il y en a qui ont des faiblesses sur le texte, où je trouve là c’est un peu faible, il y en a que je chante encore, d’autres que je ne chante pas, mais sinon je ne me lasse pas beaucoup, c’est peut-être pour ça que je n’écris pas beaucoup non plus (rires). Celles que j’ai écrites je les chante très volontiers, même les vieilles. La première tu vois, c’était il y a 32 ans.
Ouais, mais le ton était donné (rires). Il y a un aspect très scénique, théâtrale, est-ce que quand tu écris tes chansons tu les penses pour la scène ?
C’est vraiment à part. Il y a des moments où j’écris, j’ail’impression d’avoir quelque chose à dire… Et puis non, la scène c’est vraiment à part. Je ne travaille pas, enfin, je travaille en jouant, je répète pas, même les chansons quand je les répète je ne répète que des bouts, je ne les répètes jamais en entier, en entières (gloussements).
Ce n’est pas scénarisé ?
Non, c’est petit à petit, il y a des trucs que j’improvise et que je récupère, que je refais, ça prend une forme, et puis il y a des nouveaux trucs qui arrivent, donc c’est toujours le même spectacle depuis mille ans, mais à la fois ce n’est jamais le même. Et à Avignon ça a été différent, parce que je jouais tous les jours et il y avait un peu la contrainte de jouer juste une heure et quart parce que les gens sont épuisés, parce que j’étais en fin de journée donc je pouvais déborder si je voulais, mais je sentais que les gens avaient mangé quand même 4 ou 5 spectacle dans la journée, et qu’il ne fallait pas faire trop long, parce que des fois je joue deux heures, des fois je joue une heure et demi ce n’est pas calibré, mais là du coup, jouer 21 fois a un peu cristallisé un spectacle. Bon alors tous les 2, 3 jours quand même j’en sortais, mais c’était assez fixe par rapport à ce que je fais d’habitude, et assez mouvant. Voila. Mais sinon non, la scène c’est vraiment à part, c’est un truc qui me fait penser que j’aurais peut-être quelque chose pour être comédien, faudrait que je travaille vraiment ça. Je ne le suis pas, mais il y a quelque chose du comédien, ou en tout cas de la personne qui est devant les autres et qui a envie de faire le malin, un espèce de réflexe de…
(#meufhypermalpoliequicoupelaparole) Justement ma prochaine question, c’était sur le théâtre. Est-ce que tu as un rapport au théâtre, est-ce que c’est intégré consciemment dans les spectacles ou pas du tout ?
Euh… Je ne peux pas faire autrement en fait. C’est un espèce de réflexe, je suis devant les gens j’ai envie qu’il se passe la plupart du temps des choses si possible drôles, je fais avec ce qu’il y a sur le moment mais…
(#meufhypermalpoliequiREcoupelaparole) Mais…
Mais…
(#meufhypermalpoliequinassumepas) Pardon !
Non vas-y je t’en prie.
Non non mais…
Mais non, mai non…
(rires) Non mais vu que tu me disais qu’à la base les chansons tu ne les penses pas pour la scène, est-ce que tu te verrais par exemple ne pas du tout jouer les chansons ? Les chansons pourraient se suffire à elles-mêmes sur album…
Non, j’ai besoin de jouer, d’être devant les gens justement. Enfin besoin… Je le sens quand même, ça fait longtemps que ça ne m’est pas arrivé mais si je ne joue pas pendant un mois, il y a quelque chose qui ne va pas et puis au bout d’un moment je me dis : « ah mais oui tiens ça fait un mois que je n’ai pas joué ». Et effectivement quand je joue beaucoup, je me sens mieux. Au moins, dans le temps où je joue (rires).
C’est déjà ça (rires).
Ouais (rires). Mais là je suis ravi parce que je joue vraiment énormément. Je fais des concerts en octobre, en novembre, en décembre. C’est pour ça que je me suis tourné vers les cafés associatifs, parce que dans le circuit classique je n’avais pas mon compte. Parce qu’il n’y avait pas assez de dates. Parce qu’il y a énormément de groupes, que moi ça fait déjà un moment et que les salles – c’est normal – prennent des trucs qui arrivent, des jeunes, et il y a plein de trucs supers… Mais par contre moi, du coup, 20 ou 30 dates dans l’année ça ne me suffit pas. Donc je me tourne vers les gens qui font la culture, qui la font plus simplement. En plus je rencontre des gens qui essaient de vivre autrement, c’est très intéressant par ailleurs. Ça ne gâche rien, des gens qui se montent en coopérative, qui essaient d’autres manières de vivre ensemble on pourrait dire.
Tu étais sensible à ça au début de ta carrière ?
Non, pas spécialement. En tout cas je ne jouais pas dans les cafés associatifs, déjà parce qu’il y en avait moins, il y avait des bars. C’est peut être parce que je me suis porté vers eux que je me rends compte qu’il y en a plein et qu’il y en avait déjà plein, mais j’ai l’impression qu’il y en a de plus en plus. Ils font avec les moyens du bord, moi je peux le faire parce que je suis tout seul sur scène. À partir de deux musiciens, c’est guère viable. Ils sont surpris, au début ils ne pensaient avoir que les amateurs du coin et puis en fait ils ont des musiciens, à tord ou à raison me mettre dans ce lot, des musiciens, d’un bon niveau. Et donc je peux… Il y a peut être trop, trop d’artistes…
Ça doit être ça.
Vivement que le statut d’intermittents saute. Nous faisons confiance à qui s’en occupe, ça ne devrait pas tarder (rires).
C’est quoi un peu ton processus d’écriture, s’il y en a un ?
Ouais il y’ en a, un peu. Il y a une phrase, en général il y a une phrase au départ. “Je suis ta petite culotte”, ça en est une.
Je pensais à « Ça chatouille » par exemple.
« Ça chatouille » j’étais dans la rue, et puis je marchais (il fredonne), ça chatouille, et puis donc il y a un air plus quelques mots qui se sont agrégés, puis… Mais ça fait plaisir je vois que tu as écouté l’album…
Baaah quand même…
Oui mais c’est pas toujours le cas. Et puis l’album en entier. Et puis relever ce qui est quand même juste une virgule, même si moi je la trouve mignonne. On entend des martinets dedans tu sais ? Je l’ai enregistré à ma fenêtre.Des martinets, des oiseaux ?
Ouais.
Ah d’accord (rires).
(Fais le bruit de vrais martinets – les fouets – et chante ça chatouille avec le bruit des martinets) Non mais c’est une potentielle interprétation (rires)… Mais oui on entend les martinets, (il imite le son) si tu mets bien fort il y a des martinets.
Moi j’aime beaucoup cette chanson parce qu’elle arrive en mode WTF. Et pourquoi « Les Cheveux » ? C’est souvent une chanson qui donne le ton à l’album ?
Bah c’est vrai que le précédent c’était « J’ai l’amour ». J’ai pas beaucoup d’habitudes parce que j’ai fait que quatre albums, les deux premiers je me suis démerdé pour qu’il n’y est pas de titre, parce que je ne voyais pas trop, c’est plutôt des chansons tu vois qui sont chacune indépendantes en fait. Pour le troisième, le directeur artistique avec qui j’ai travaillé me poussait à trouver un titre, et puis « J’ai l’amour », pourquoi pas. J’ai dit aller d’accord. Au départ je suis réticent à mettre un titre, et puis là « Les Cheveux »…
Pourquoi ?
Bah parce que les chansons sont… Enfin il n’y a pas d’idées générales, il n’y a pas de pensées exposées, c’est des pièces… Des recueils.
Pourtant dans « Les Cheveux » je trouve qu’il y a une certaine unité chromatique, avec ce côté électro. Et les cheveux, c’est un motif qui se répète…
Les cheveux sont présents dans plusieurs chansons c’est vrai, il y a celle là « tu m’as dit laisse pousser tes cheveux », et du coup même la chanson, une fois que j’avais décidé que ça s’appellerait « Les Cheveux » j’ai rajouté les cheveux dans « le soleil brille, je mange le rideau de tes cheveux ». C’était bien ça, mais je ne l’avais pas écrit, alors je me suis dit « aller je le dis » parce que souvent il y a des choses suggérées enfin, pas dites, et puis c’est bien aussi, des choses un peu énigmatiques, comme ça les gens font des chansons peut être mieux même que comme je les écrits… Enfin…
Et puis j’ai rajouté aussi dans celle en anglais « To play », j’ai rajouté in « my hair » je crois. Mais bon tu vois c’est pas un concept, il y a trois quatre chansons qui rappellent les cheveux, et puis je me suis pris au jeu je me suis dit…
Il y avait des histoires de cheveux aussi : la personne avec qui je vis la plupart du temps quand je suis là, ça ne lui plaisait pas trop que j’ai les cheveux un petit peu long, et moi ça m’agaçait qu’elle me demande de les couper, alors du coup je me suis dit je vais les laisser pousser (rires), et je me suis dit je vais laisser pousser les cheveux jusqu’à ce que l’album sorte. Tu vois, je me suis dit ça, voilà. Mais aussi une personne que je connais qui avait sa mère qui est morte se laissait pousser les cheveux depuis, et que en gros sans le formuler… Enfin voilà autour de moi il y avait des cheveux. Il y avait des histoire de cheveux. C’est vrai que c’est important les cheveux. Je vois, j’ai coupé les cheveux une fois à ma fille et je les ai coupé un peu trop court, ça a été un drame. Donc les cheveux c’est quand même une chose… Et puis je crois que dans des… Par rapport au deuil, ou socialement, si tu accèdes à l’âge adulte ou quoi, les cheveux des fois sont des symboles de là où tu en es… Et donc tout ça me faisait dire que ouais les cheveux c’est peut être bien. Les cheveux, c’est bête mais en fait ça nous importe, ça représente le temps qui passe, qui pousse.
Ça peut être politique aussi les cheveux… Bref. Au niveau des textes, j’ai lu beaucoup d’éloges sur la manière dont tu écris, mais il n’y a pas de paroles dans les deux dernières chansons de l’album, « Les Oiseaux » et « Paradis ». C’était intentionnel ?
Et bien « Les Oiseaux », avant de commencer vraiment « Les Cheveux » je m’étais dit : « je vais essayer de faire un album où musicalement ça ne sera que des chants d’oiseaux », et donc finalement ce morceau est comme un résidu de cette idée parce que j’ai quand même mis un beat. J’avais acheté un coffret de 10 CD de chant d’oiseaux et j’avais commencé à faire des montage… Et puis je n’ai pas fait ça, je suis parti sur « Les Cheveux » avec une orchestration assez classique, c’est des synthé, donc c’est un reste, pour faire quand même un petit truc avec les oiseaux, ça me fait quand même un petit truc où j’ai essayé, où j’ai un petit peu tourné autour. Et puis « Paradis », j’ai un texte qui s’appelle « Paradis » mais je ne l’ai pas mis.
Pourquoi ?
Je ne sais pas. Je ferai une chanson sûrement avec ce texte, mais je suis parti sur cette ambiance là, et puis finalement je me suis dit non…. Instrumental… Ça finit on ne sait pas trop comment… Ça fait une drôle de… De fin d’album, ça fait plus… C’est plus… Si on le reprend au début on fait “ah ouais non c’est pas…”… Je sais pas trop einh, ce n’est pas trop réfléchit (rires), je m’en rends compte après.
Les relations sont assez présentes sur cet album, avec un côté assez multiples comme la chanson où un homme – ou une femme – est amoureux du frère…
Ça c’est un reprise.
Ah bon ? Je ne savais pas… Bon bah voilà, échec (rire)
« Past this on » ?
Yep.
(Chante) « I’m in love with your brother ». Je te conseille vivement l’original, elle est connu pas mal pour avoir été dans un film de Xavier Dolan.
Ah bon ?! Lequel ?
Dans une fête adolescentes, il y a un long plan sur cette chanson…
Ah oui, « Les Amoures Imaginaires ».
C’est ça, « Les Amoures Imaginaires ». Et leur clip aussi à « The Knife » est vraiment super.
J’irai me culturer (rires). Les relations prennent pas mal de place dans ce que tu écris, oui ou pas tant que ça ? Et cette multitude dans la manière de le dire, comme « Jalousie » sur le précédent album ?
Ça, je ne sais pas trop… Il y a des chansons où je dis ce que j’ai ressenti à des moments, et des chansons entre guillemets « sensibles » ou chansons de relation amoureuse de séparation, et il y a des chansons où j’imagine ce que l’autre a ressenti et… Je ne sais pas trop… Après, il y a des chansons qui sont déconnectées, tu vois « Je suis ta petite culotte » c’est pas très connecté avec mon quotidien ou avec ce que j’ai vécu, peut-être malheureusement, non (rires) ?
(rires) Bah je ne sais pas moi.
Moi non plus (rires).
L’aspect un petit peu électro de l’album, est-ce que c’était pour expérimenter quelque chose de nouveau ? Çà se retrouve dans tout l’album.
Oui c’est tout fait avec les mêmes outils.
C’est juste une question d’outils ?
Non non, parce que j’avais fait presque toutes les chansons comme pour le précédent, « J’ai l’amour », c’est à dire que je joue tout mais avec des vrais instruments. Mais je ne sais pas pourquoi, c’était raté… Pourtant j’ai bossé (rires). Et donc j’étais en train de me décider pour aller au mixage, mais j’avais un… Et puis j’ai fait des prises de basse avec un très bon bassiste, on a discuté, et je me suis rendu compte que ça n’allait pas, ça ne groovait pas, que j’étais en train de m’auto convaincre que « ça allait, ça va aller, oui c’est bon, avec le mixage »… Et en fait non, c’était raide, c’était pas beau, c’était pas bien. Donc je me suis dit : « bon aller je change ». C’est la même machine einh, c’est un pro tools, un logiciel de son, mais je vais faire en MIDI et euh… Donc voilà, j’ai tout écrasé…
Donc pour « Les Cheveux » tu avais tout fait et tu as tout écrasé ?
J’avais déjà tout fait, j’ai tout écrasé et tout refait avec les synthés.
Ça a pris combien de temps à peu près ?
Ça a pris du temps… Décembre je me suis décidé que ça n’allait pas, et donc après juin on a mixé, 6 mois pour recommencer. J’ai repris les chansons en gardant une partie des arrangements, mais les sons et puis les arrangements avec les synthés… Peut-être trop d’ailleurs, ça m’a plu les synthés… Non, il n’y en a pas trop ?
Non, j’aime beaucoup les synthés. D’ailleurs pour sortir une autre référence foireuse (gloussements), ça me rappelle beaucoup Pop-Hip de Stupéflip, où il y a un côté hyper acidulé mais sur les paroles, on parlait de pépé et mémé sur la cheminée, bah là on a les gens qui meurent dans les cages en métal que sont les voitures, c’est absurde mais beau. Donc j’aime bien les synthés.
Stupéflip, c’est qui ? Tekilatex ?
Non. Ils sont plusieurs mais c’est surtout un mec dont je ne me rappelle plus le nom. En gros c’était trois personnages – Flip, King Ju et Pop-Hip -, et Pop-Hip était génial. Il fait des très belles chansons, plus que les autres qui sont assez monolithiques en fait. Pop-Hip, c’est le vrai dépressif de la bande.
Comment tu dis ? Pop-Hip ? J’irai écouter.
C’est ce perso qui a fait « Je Fume P’us d’shit », qui n’est peut-être pas la meilleure de Stupéflip mais qui est l’une des plus connues quand même.
Ah oui c’est ce personnage là. Parce que j’ai écouté à un moment donné… Ouais c’est hyper fourni comme musique, il y a beaucoup de trucs et de breaks (fait le bruit de breaks)…
Mais je trouve que dans « Mouillé » par exemple, il y a aussi des motifs industriels… Qui ne sont pas forcément mélodieux mais sous-tendent très bien la musique…
Oui, comme ça (fait le bruit).
C’était des expérimentations ?
Oui, une fois rentré dans la machine, « ah ouais tiens ça c’est bien », « ah ouais tiens ça ça racle un peu »… On ne l’entend pas trop mais derrière, juste si on écoute plusieurs fois… C’est vraiment une drogue les arrangements, c’est pour ça que je me demande parfois s’il n’y en a pas trop, parce qu’au bout d’un moment on ne se rend plus trop compte…
Et tu fais tout tout seul ?
Oui, le précédent et celui là oui, tout tout seul. Par contre au mixage, les deux fois j’ai cru que je mixais bien, mais heureusement au dernier moment je me suis dit « non ». Il faut donner ça à quelqu’un dont c’est le métier, qui a une oreille plus aiguisée. Et puis il y a des machines dont je ne sais pas me servir, les compresseurs, le réverbes…
Pour un prochain album ou un prochain spectacle, est-ce qu’il y a quelque chose que tu n’as jamais expérimenté que tu aimerais bien faire ?
Chanter hyper fort, hurler, chose que je fais en concert à des moments, des moments qui peuvent s’apparenter à une décompensation psychotique. Je peux hurler à des moments, vraiment fort. Alors que dans les chansons, la plupart du temps le chant est assez tenu, mais c’est en train de s’ouvrir déjà avec « J’ai l’amour » un petit peu, la chanson… Donc peut-être ça, un morceau où vraiment je hurlerai… Une chanson avec beaucoup de texte, parce qu’en général il y en a vraiment très peu (rires), il n’y a pas beaucoup de volume.
« Grand parolier » j’ai lu quand même (rires). Et potentiellement écrire sans chanson ?
Oui j’ai déjà écrit un petit peu, c’est vrai que derrière ça me trotte. Peut-être commencer, oui, par des nouvelles…
Et du théâtre ?
Euh… Ouais, il y a un metteur en scène que vraiment j’admire, et j’étais allé à un stage. Tu sais les stages de théâtre c’est un peu comme des auditions, mal déguisées. Et je n’avais pas du tout le niveau. Il m’a dit : « il y a quelque chose c’est sûr, je vois, mais moi je monte les spectacles en quatre ou cinq jours, je n’ai pas le temps ». Et j’ai très bien compris. J’étais très déçu, mais dans les spectacles que j’ai vu, les comédiens sont époustouflants. Kate Moran, je ne sais pas si tu connais… Mais bon moi déjà je passe beaucoup de temps à travailler la voix, la guitare, tout ça… Mais ça me plairait beaucoup.
Alors bon, je fais quelques petits pirouettes pour me rassasier en trucs de scènes (rires). Mais plus tard, pourquoi pas si on me le proposait… Ouais, voilà, un mois de répet’ après on joue un ou deux mois… Je dirai oui. Ça dépend qui, mais oui. La dernière fois, j’ai dit « Le Bateau Ivre », c’est un vieux poème… J’ai mis tout le monde dans le noir et j’ai mis « Le Bateau Ivre », donc tu vois j’ai envie un peu quand même. Après le théâtre, c’est plusieurs personnes, moi je suis seul c’est simple, quand ça passe à deux et à trois, le théâtre ça se complique énormément, comment être, écouter, interagir…
Après il y a des pièces écrites pour une personne, mais c’est peut-être plus intéressant de faire un truc vraiment nouveau…
Ouais ouais… Ouais je serai partant…
De mettre la musique en stand-by pour ça, ça ne poserait pas de souci ?
Bah si c’est pour répéter et travailler tous les jours pendant un mois ou deux, et puis après jouer ce qu’on aura fabriquer, non non ce serait jouer quand même… Si on me disait : « aller on part trois mois et tu joueras pas »… Peut-être faut voir, pour aller chercher de l’or en Guyane… (rires)… Mettre du mercure partout… Ouais ça peut être cool (rires).
Si tu avais une chanson à me recommander ce serait laquelle ? À part « I’m in love with your brother » que honteusement je ne connais pas (rires).
Une chanson…
Kanye West ?
Ouais. Kanye West. « I’m a God ».
Ah oui, « Yeezus », meilleur album.
Mais c’est la folie ce morceau ! Et tu vois quand il y a le (fait le bruit qui revient dans la chanson)… C’est époustouflant ça.
Et il crie d’ailleurs à la fin.
(mime cette partie de la chanson) Le break là, et puis ça repart (fait le bruit de la chanson), c’est vraiment génial. Bon bah voilà mais tu la connais (rires), on a l’air d’accord. C’est vraiment une musique qui physiquement fait peur, tu la mets fort c’est vraiment, une violence… Et c’est rare de… Donc ils ont dû masteriser tu vois, garder de la dynamique pour que ce son là fasse peur… La fin est un petit peu, vaguement un peu spirituals, je trouve que c’est dommage, ça édulcore un petit peu la puissance qu’il y a au début. Mais quand la plus grosse partie de la chanson est tellement bien, c’est pas grave s’il y a une fin un peu moins au niveau.
Mais il a travaillé sur « Yeezus » avec deux français, Brodinsky et surtout Gesaffelstein. Un DJ qui faisait une musique viscérale, industrielle. Je trouve qu’il donne un peu la tonalité de l’album, on reconnait sa patte même s’il n’a pas bossé sur toutes les chansons…
Comment il s’appelle ?
Ge-sa-ffel-stein.
Je vais le noter. Comment ça s’écrit ?
Comme en allemand à la fin (rires).
(glousse et écrit) et bah merci, je vais écouter.
C’est très techno einh…
OK… Voilà c’est noté !
David Lafore, en tournée dans toute la France.
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