Avant, quand j’allais à un concert, c’était ça :
Maintenant c’est plutôt ça :
Que s’est-il donc passé ?
Je suis partie vivre en Allemagne.
(La rédaction tient à préciser que tout ce qui va suivre est à prendre avec une bonne dose de second degré, pas besoin de nous envoyer des mails haineux pour nous prouver que les Allemands savent s’amuser – on ne vous croira pas de toutes façons ^^)
Tout est parti d’un concert de Stromae, en février 2014. Ce concert était l’exemple parfait de la pire rencontre interculturelle France Allemagne. Ma copine Lucie et moi nous sommes donc rendues à l’Astra Kulturhaus à Berlin, ratant un épisode de Germany Next Top Model c’est vous dire l’importance accordée à l’événement. Nous nous mêlons au public, pour le coup complètement bilingue, la moitié de la petite salle parlant français, l’autre, allemand, puisque le chanteur belge est bien connu en Germanie. Stromae arrive et là, première hallucination :
Français : foule en délire, cris dans tous les sens, sauts de joie etc.
Allemands : applaudissements enthousiastes, regards terrorisés, Was soll denn das?
Première chanson de Stromae : Lucie et moi nous mettons à hurler « alors on danse » en sautant sur place, et là, je le promets, j’ai senti ce regard. CE regard, celui du plus de 65 ans chauve et bourru qui se pose sur moi quand j’attends sur la route que le feu passe au vert et pas sur le trottoir. Et puis j’ai entendu ce soupir. CE soupir. Celui de la vieille peau quand je monte sur mon vélo en sortant de chez moi et pédale avant d’être descendue du trottoir. Je le jure, je sentais l’Allemand près de moi prêt à hurler ES IST KEIN FAHRRADWEG EUUUUH ES IST KEIN VERDAMMTES KARAOKE HIER.
Ça aurait été à mourir de rire si ça n’avait pas été aussi dérangeant. Lucie et moi avons passé le concert à nous contenir, à jeter des regards en biais à nos voisins qui appréciaient gentiment le spectacle, nous mettant une pression folle pour qu’on s’abstienne de chanter faux, de chanter tout court en fait.
L’Allemand souhaite admirer le spectacle, écouter le concert alors que le Français n’est là que pour sauter partout et chanter à tue-tête. Mais n’est-ce pas là l’idée du concert vs. Champs Elysées à la télévision ? Pouvoir enfin hurler à pleins poumons et sauter dans tous les sens, ce que ni maman, ni la voisine du dessous ne nous permet de faire en temps normal ? Le pouvoir de la live music nous transcende, enflamme nos veines pour nous permettre de se libérer du quotidien, des tensions accumulées, non ?
Comme d’habitude, j’ai voulu « prouver mon point » grâce à l’ami gogole. Alors j’ai tapé Konzert sur google.de
et là je dis : vous voyez, en Allemagne, on va à un concert pour se divertir, on cherche un lieu, puis la date, puis on choisit l’événement pim pam poum tout ça tout ça.
Alors qu’en France…
Et là je pourrais dire plein de chose, mais je préfère partir me cacher… (Kendji les gars ? Vraiment ?!)
Image d’illustration : Maxime FORT / Licence CC