Paris. Il neige. Tout est soudain silencieux. Les flocons se sont entassés peu à peu sur les trottoirs, les routes. Les voitures ralentissent, les arbres se complaisent dans la douceur de leurs couvertures bienvenues. C’est presque si je n’ose traverser la rue. Tout est si lisse, si délicatement arrangé. Milieu d’après-midi, peu de monde dans les rues, la neige vient de s’arrêter de tomber. Parfait. La plus belle ville du monde revêt la plus belle des parures, la simplicité du blanc, pur.
Même les oiseaux se sont remis à chanter. Il ne fait même pas froid. Enfin presque pas. Enfin un peu quand même. Je galère dans mes chaussures à talon, et j’ai peur d’abimer le cuir. Et puis le vent s’engouffre sous ma veste, jolie certes, mais pas vraiment pratique. Les manteaux à Paris c’est juste pour aller de la maison au métro, du métro au boulot, on n’est pas longtemps dehors finalement. Et puis je n’ai pas mis de bonnet pour ne pas graisser mes cheveux, la pollution c’est déjà suffisant. Du coup je regrette un peu, j’aurais voulu traverser tout Paris. Admirer tout Paris, parce que le paysage est magnifique, délicat. La neige s’adapte à son support, elle a la finesse, la délicatesse parisienne, elle attend qu’on la complimente, elle sourit. Je souris aussi, parce que même si j’ai froid, même si je tremble, rien à dire, Paris est magnifique.
Berlin. Il neige. Il a neigé disons. En une minute tout est recouvert. Plus de noir, plus de gris, tout est blanc, incroyablement lumineux. C’est comme si le soleil brillait à nouveau. Il est dix-sept heures, et après trois hivers passés dans cette ville je porte enfin les vêtements adéquats. Il m’a fallu dix minutes pour enfiler collant, legging, deuxième legging, chaussettes, pull, doudoune, parka, écharpe, gants et bonnet. Et me voilà qui part à pieds travailler. Par moins huit. Avec le sourire. Par moins huit avec le sourire car je n’ai pas froid. Equipée. Il n’y a pas de « mauvais temps », seulement des « mauvais vêtements ». Les enfants ne sont plus transportés dans des charriots-vélos mais sont tirés sur leurs luges, sur le trottoir. Un, deux, trois, tous rentrent de l’école installés sur de petits traîneaux de bois. Ce matin je traversai le Tiergarten, croisai un skieur de fond. Pourtant il n’a neigé qu’une nuit. Mais voilà. Soudain Berlin est devenue station de ski. Lumineuse. Vélo laissé à la cave –trop dangereux, me voilà qui marche par moins huit, heureuse.