Ce soir je sors sur Paris. OUH yeah. Pour une fois j’ai prolongé mon séjour, je ne pars pas samedi matin mais lundi. Boum sortez les cocktails à 15€ rue Montorgueil, Jule vient faire la fête à la française.
15h. Rendez-vous écriture d’articles avec ma douce Juju dans un Starbucks à Opéra – parce qu’en six mois on n’a toujours pas trouvé d’autre endroit pour pouvoir bosser, ce qui est franchement dommage parce que le Starbucks blindé d’Opéra sans fenêtre merci bien mais pas trois heures non plus.
19h. Rendez-vous chez une copine récupérer un bouquin à…. Mairie d’Issy. 19h45 « Meuf, on va pas tarder à bouger avec ma pote, t’es bientôt là ? –Ben oui j’suis bientôt là, mais concrètement j’ai pas traîné hein, j’ai juste pris le métro qui dure 3 plombes. J’arrive. »
20h15. Je repars de chez ma copine, et je suis deg de pas avoir un ticket de métro berlinois qui certes coûte une blinde, mais avec lequel je peux voyager 2h. Et qui fait les correspondances métro/tramway/bus tout ce que tu veux, ce qui en soi me paraît un peu NORMAL. J’appelle la copine que je dois rejoindre « Ça y est c’est bon, ma journée est erledigt, où qu’on se retrouve pour boire des verres ? –Dans le 5e, près du Panthéon ». Bah oui, parce qu’en fait à Paris on sort un peu selon son background tu vois. Prof à la Sorbonne, normalienne, FORCÉMENT on sort dans le 5e près du Panthéon, la base enfin ! Alors que les mecs un peu trendy journalistes, blogeurs et tout, eux, ils seront dans le 20e plutôt. Tu vois le genre. Mais bon, no critic, à Berlin c’est la même hein. On verra pas un Français un vendredi soir à Moabit.
20h20. Le trajet me semble bien, la 12 puis la 6 puis le RER B jusqu’à Luxembourg puis je marche. C’est quand même 2 changements mais en même temps merde le Panthéon quoi, le seul endroit dans Paris où il y a pas une station de métro potable.
20h45. Je cours dans les couloirs de Denfert-Rochereau pour choper le RER B qui arrive dans une minute, j’avale les escaliers, saut de biche dans le wagon, YES.
21h02. Bon ben voilà, le RER B n’est jamais reparti de Denfert-Rochereau, voyageur sur les voies je sais pas quoi. Heureusement il fut un temps (lointain) où j’habitais le quartier et je sais que le bus 38 passe par là.
21h07. Le bus 38 passe dans 13 minutes. Et puis je réalise que je ne pourrais pas réutiliser mon ticket, il faudra en racheter un. À 2 euros. Je marche. Sous la pluie. Dans le noir. Quiconque connaît le trajet saura que c’est méga glauque entre Denfert et Luxembourg. J’ai froid. J’ai hyper faim. Ça me saoule. Grave.
21h27. J’arrive dans le fameux bar derrière le Panthéon. Le concept : une carte magnétique sur laquelle on met du fric (beaucoup de fric), on s’assoit près d’un fût de bière, on pose la carte sur un espèce d’autocollant, on se sert de la bière, on fait de la merde (non parce que se servir une bière en ayant de la mousse mais pas trop c’est quand même la galère soyons honnêtes), et on boit. Ok. Franchement je ris. Je m’imagine raconter ça à mes potes allemands à mon retour : à Paris, non seulement tu paies 8,50€ ton 0,5L (je rappelle que la bière est à 3,50€ en moyenne chez les chleuhs berlinois) et c’est toi qui te la sers !
23h35. J’ai toujours pas mangé, je suis saoule, et j’ai eu ma dose d’étudiants normaliens blancs en chemise bleu délavé, ivres, incapables de se servir une bière correctement. Nous sortons. Direction « le p’tit grec ». Un grec, moi ça me va bien, j’ai vraiment la dalle.
23h50. Après multiples détours dus à notre état d’ébriété (à croire que Siri aussi avait bu franchement) nous arrivons au P’tit Grec. Deuxième fou rire de la soirée. À Paris, dans le 5e, quand t’as faim parce que t’es bourré, tu manges… une crêpe. Voilà. Je connaissais le McDo de soirée, le kebab de soirée, même le falafel vegan, ou le haloumi veggie, mais alors le concept de la galette bretonne franchement j’applaudis. Willkommen in Paris.
00h00. Je me régale d’une galette beurre salé, aubergines, tomates séchées, jambon je sais plus quoi. Finesse de la gastronomie française. #FièreDeMonPays.
00h15. Installés en terrasse, cinq poufiasses me demandent si je peux faire une photo d’elles. Je leur dis qu’elles ont une tête à être capable de faire un selfie. Je finis ma galette. Je sais que dans dix jours, ces mêmes poufiasses seront assises à la table 3 du restaurant où je bosse à Berlin, et paieront l’addition sans laisser de pourboire à coup de pièces de 0,05cts et de vieilles monnaies étrangères qu’elles tenteront de nous refourguer.
Bilan : galette au caviar d’aubergines, bières pression « maison » et galère de RER. Bref, j’ai passé un samedi soir à Paris.
Roooo oui, j’en rajoute hein je sais, libre à vous de me faire changer d’avis, on s’appelle quand je suis sur Paris. Et surtout, on en rediscute quand vous serez sur Berlin. Clin d’œil. Regard Croisé.
Illustration : ILhan Gendron, Licence Creative Commons