C’est l’un de nos sujets de conversation préféré entre copines, la thématique où l’on est sûre de tomber d’accord, pas de débat possible, juste un partage d’expérience, voire même une surenchère d’exemples plus cocasses les uns que les autres : la relation de couple franco-allemande. Pour l’instant je ne la connais que dans le sens Française + Allemand. Malheureusement je ne la connais pas dans l’autre sens, et malheureusement je ne la connais pas dans sa version homosexuelle. Bien dommage. Lecteurs germaniques francophones et/ou homosexuels dans une relation amoureuse bilingue, manifestez-vous je vous en prie.
Les habituées de ces discussions à rires gras sourient déjà, celles qui ne le sont pas s’interrogent. On se marre tant que ça dans une relation de couple franco-allemande ? Non, justement.
Rooh, j’exagère, volontairement of course, bien sûr qu’on se marre, enfin tout dépend de votre mec, mais ça en France ce sera pareil, des mecs franchement pas drôles ça court les rues, non, on se marre surtout quand on se confronte à nos différences culturelles, nos façons sociales et sociétales d’envisager la relation de couple, la notion d’amour, le fait d’être amoureux.
Dans un précédent article j’évoquais déjà cette différence, de vocabulaire mais aussi d’attitude. Il est apparu nécessaire d’en reparler quand je suis revenue d’un dîner chez Harry et Sally. Sally est une super copine française, son mec Harry est allemand. C’est la première fois que je venais dans leur nouvel appartement. Visite des lieux, 80m² plein sud, balcon, très chou, alors le salon voilà, la cuisine, la salle de bain est au bout du couloir à gauche, là c’est la chambre de Harry, le bordel comme tu peux le remarquer on ne s’attardera pas, et là c’est ma chambre, tu veux boire quoi comme apéro ? On s’installe dans la cuisine ça ne t’embête pas ?
Ne pas demander, ne pas demander, ne pas demander – Comment ça t’as pas demandé ? T’as réussi à pas demander ? Comment t’as fait pour pas demander ?
Bah j’ai pas demandé c’est tout. De la même façon que je ne demande plus ce que les gens font comme métier pour arrêter de les mettre dans des cases, je ne relève plus les choses qui « sortent de la tradition sociale », surtout quand elles me plaisent. Parce que pour être honnête, ça m’a carrément plu comme principe. La chambre de Harry, et ça c’est ma chambre. MA chambre. Genre, même dans mon couple, qui va clairement tenir des années, que clairement ce mec sera le père de mes enfants tout bientôt, et bien j’ai MA chambre, mon espace, mon pyjama tout ça tout ça.
Non seulement je me suis dit que ça me plaisait carrément, mais surtout je me suis dit qu’il fallait bien être un couple franco-allemand pour faire ce genre de trucs à trente ans. Google est d’accord avec moi. Je tape « getrennte », il me propose direct « getrennte zimmer ».
Par contre je tape « chambre séparée » ou « chambre à part » il me propose direct une suite : « chambre séparée couple islam ».
Résultats de recherche en allemand : articles du Zeit, de Die Welt, de Woman’s Health et de Brigitte bien sûr (vous aussi vous kiffez lire « Brigitte » ?). Côté France, un article du Monde, mais qui place direct le mot « tabou » dans le titre, et le reste c’est Psychologies (oui bah forcément on tombe dedans direct, et là on essaie de « sauver l’amour »), Marie Claire, Madame Figaro (je vous mets le lien parce que l’analyse est pas mal, mais du coup très française). Quoiqu’il en soit, retenons que dans la presse allemande on mettra en exergue la qualité du sommeil, notamment pour madame, car il est prouvé par tout plein d’études que nous, pauvres femmes, on se réveille au moindre mouvement, au cas où bébé s’étouffe dans son sommeil voyez-vous, c’est génétique (et là les grosses marmottes que vous êtes – vous qui ne vous réveillez ni quand les poubelles vident le recyclage verre sous vos fenêtres, ni quand papa vous harcèle sur le téléphone fixe à midi et demi le dimanche – culpabilisent grave, what’s wrong with me?!), bref, contrairement à ce à quoi on pourrait s’attendre, ces quelques articles allemands ne cherchent pas à trop nous parler de notre vie sexuelle. Ni plus ni moins de sexe, allez, peut-être un peu plus de désir car il n’y a plus d’automatisme du genre han, le PSG a gagné, bah ce soir je passe à la casserole.
La presse française quant à elle nous parle bien entendu de tabou dans le couple donc, de besoin de se rassurer, de « crise du lit » et de se définir en tant que duo amoureux, Bridget, tu dors toute seule c’est que t’es célibataire → fou cette propension à vouloir nous mettre tous dans des cases.
Dernière comparaison, en images, et je me tais. Regards Croisés.
En allemand :
En français :
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