Rencontre aux Galeries ou Tu veux mon biscuit?

Un article que nous avons hésité à intituler : tu veux mon biscuit? Ah, attendez, on me dit dans l’oreillette que non, nous l’avons bien intitulé ainsi.
#ConteModerne

C’est l’histoire d’une rencontre. Une rencontre comme dans les contes de fée. Mais une rencontre aux Galeries Lafayette, donc c’est plutôt moderne (« conte moderne » vous l’avez hein vous l’avez?). Et en même temps les Galeries Lafayette à l’étranger (oui parce que dans ce conte on n’est pas en France) ça a un peu un air princier de conte de fée. C’est ce qu’à dû se dire M., l’homme rencontré au rayon biscuits et chocolat. Que c’était ultra romantique. « On s’est rencontrés au rayon biscuits et chocolat des Galeries Lafayette ». Un Allemand vous dira « so süß », un Français vous dira « bah c’est bien t’as évité le rayon apéro d’Auchan quoi ».

C’est clairement ce qu’il a dû se dire notre Allemand parce que déjà, avoir l’idée de draguer aux Galerie Lafayette rayon biscuits et chocolats (concrètement devant des thés de Lu), c’est pas méga naturel (mais en même temps l’Allemand a parfois des idées plan drague assez étranges), mais en plus quand on sait à quoi ressemblait notre héroïne, c’est d’autant plus surprenant.

Arrêtons-nous donc un instant sur l’allure générale de notre Cendrillon. Déjà précisons que nous sommes en pleine période météorologique de merde étrange : le moment où l’hiver est sur la fin, mais que le printemps n’est pas vraiment là (7 mars à Berlin les copains, faut pas rêver), ces journées merveilleuses où soleil, grêle, pluie et tempête se mêlent dans un joyeux bordel. Quand le ciel est tellement bas qu’il te tombe sur la gueule en fait. Notre Cendrillon était donc à l’image de la météo actuelle : en bordel.

Timberland aux pieds pour s’isoler de la pluie éventuelle:

Ultra #Feminin #Adulte #Mature

Collants opaques filés (bah oui) combinés à des chaussettes montantes (parce qu’il fait trop chaud pour porter deux collants mais trop froid pour n’en porter qu’un)

En vrai avec les Timberland c’est tout sauf sexy. Juste #Chelou.

Short en jean (on fait ce qu’on peut pour être sexy sur un vélo)

Ouais quand on isole un élément ça va c’est le combo le problème.

Doudoune blanche uniqlo (ouais on fait la pub parce qu’elles sont vraiment bien les doudounes ultra légères d’uniqlo)

Une qualité d’image qui fait aussi mal aux yeux que la tenue générale

Grosse écharpe à poil mouillée (les larmes qui coulent à cause du vent glacé)

Franchement qui investit encore dans ces trucs qui font plein de poils au bout de 3 jours?

ET accessoire qui donne à notre héroïne la nationalité allemande sans même avoir à la demander : un casque de vélo. Même pas détaché (ouais parce qu’elle était pas là pour traîner).

Pour #Noel please

Ah et puis des gants avec protège doigts qui pendent. Ça ressemble à ça:

Quand ça pendouille c’est très cheum.

Voilà. Inutile de vous dire qu’il n’y avait là-dedans aucune unité de couleurs, de matière ou de style. Du 100% pratique (voilà ce qui vous attend après 5 années outre-Rhin).
Centimètre de peau visible? le nez et les cils.
Maquillage? A coulé.
Degré de sexytude? -25.
Âge? 13 ans et demi.

C’est bon, vous avez l’image? On peut démarrer. Notre héroïne était donc de passage aux Galeries Lafayette. Lieu où elle ne se rend JAMAIS. Comme dans VRAIMENT JAMAIS. Hashtag #Vieux #Cher #GrosseBlague #Useless Mais demain c’est l’anniversaire de son collègue sur qui elle fantasme depuis des mois, or, un mec né le 8 mars (journée de la lutte pour les droits des femmes rappelons-le, ah et rappelons également : le 8 mars n’est PAS l’occasion de faire des pubs sexistes du genre « prenez votre journée pour vous faire chouchouter et être belle pour votre homme, épilation du maillot offerte pour toute épilation de la moustache ». NON. Le 8 mars on lutte pour l’égalité homme-femme. Si vous avez pas d’idée d’ailleurs on vous conseille d’arrêter de bosser à 15h40. Un acte militant et engagé qui permet aussi d’aller au ciné. Bon allez on ferme la parenthèse) ça se chouchoute. Le pauvre, quand ils seront mariés et qu’elle portera son 3e enfant, ils n’auront toujours pas pu célébrer son anniv puisqu’à chaque fois elle sera allée manifester, il faut bien qu’elle lui achète un petit cadeau. Elle s’est donc dit « allez je suis Française, en attendant de nourrir ses fantasmes liés à ma nationalité, je vais aller lui acheter des macarons ou une connerie comme ça. » Et des conneries comme ça, ça se trouve où? Aux Galeries Lafayette.

Karstadt. Ben non : les Galeries Lafayette

Notre Cendrillon moderne déambule donc entre les pailles de Lu à 5,75€ (mouahahaha non c’est pas une blague) et les gaufrettes Carrefour (WTF), quand soudain un homme, grand, classe, bref un mec qui travaille dans le coin (c’est bourré d’hommes grands et classes le coin, à bon entendeur), lui dit quelque chose. Elle ôte son écouteur et tend l’oreille. « Sorry? » Oui parce que le « Wie bitte », teeeeeeellement allemand, et qu’elle entend siiiiii souvent, ne s’est toujours pas imprimé dans sa petite tête. Déjà elle a arrêté de dire « WAS? » à tout bout de champ #Progrès. Bref celui-ci répète « il y a plein de choses délicieuses ici ». Il n’en fallait pas plus pour la lancer. Mais ouiiiiiii.

L’homme : « Oh vous êtes Française? »

Elle : « Oui. »

L’homme, impressionné : « Vous parler hyper bien allemand. Sans accent ».

Ouais alors mec en même temps j’ai dit deux mots en fait, j’ai dit « sorry » et j’ai dit « ja ». 

Un vieux souvenir remonte sous son casque, une époque où, serveuse, elle se réjouissait pendant une pause clope :
Elle, ravie : « la table 10 m’a dit que je parlais super bien allemand, sans accent. »
La collègue, qui manque de s’étouffer avec sa clope : « Ah bon?! »
Elle, fière : « Ouais sérieusement. Mais on me le dit souvent tu sais! »
La collègue, MDR XD PTDR : « Ah ouais? Et parmi les gens qui te le disent souvent, combien y a de femmes? » Elle : Silence. Silence gêné. Silence vénère. Silence blasé.

Retour aux Galeries rayon biscuits.

Elle : « Que cherchez-vous? » Non parce que accent ou pas accent la spécialiste du biscuit, c’est MOI.
Et voilà qu’elle se met à lui expliquer le concept du GOÛTER, qui « n’a rien à voir avec le tea time ni avec le kaffee und kuchen ». Non non non. Voilà maintenant qu’elle détaille les âges de la vie : « les barquettes là c’est pour la maternelle, les petits écoliers c’est l’école de primaire, ensuite on passe aux princes là-bas. Si vous êtes adepte de thé je vous recommande bien entendu les inégalables Thés de Lu ». L’homme se sent obligé de préciser « oui enfin je suis un grand garçon ». Hum. En effet, il a au moins quarante-cinq ans. Alooooooors. Notre amie se retourne. Elle commence un peu à transpirer sous les couches de laine mouillée et dans son casque vissé sur cheveux gras. « Ah. Bonne Maman. Voilà du gâteau d’adulte. » L’homme a sorti son portefeuille. Il l’ouvre côté billets.

Notre héroïne s’arrête. EUUUUUH… C’est fou comme en une fraction de seconde, un homme en manteau long qui touche des billets à proximité d’une femme plus jeune, ça vous fait bizarre. Mais il lui tend sa carte, pas de quoi faire ses courses et les lui livrer au bureau. En même temps rappelons son accoutrement, on ne pouvait ni la prendre pour une vendeuse, ni pour une escort. Elle prend la carte.

Finalement on arrête notre choix sur les sablés au chocolat Bonne Maman, une valeur sûre. Ceux là:

« Ça veut dire quoi sablé? ». L’homme est à fond. L’homme est sous le charme. Mais de quoi? Du casque? Des gants mouillés? Des Timberland tachées?

Le prince : « Je m’appelle M., merci beaucoup d’avoir pris le temps de tout me montrer! Revoyons nous autour d’un café français! »

Elle : « Oui, volontiers! »

Sur ce il s’en va. Non en fait il revient, du chocolat à la main « celui-là est délicieux ». Elle jette un oeil, marque Carrefour (re WTF ??). N’essaie pas mon petit, laisse faire les professionnels. 

C’est le deuxième vieux (comprendre plus de 40 ans) qu’elle rencontre cette semaine (alors qu’elle n’a d’yeux que pour le collègue). Une théorie naît progressivement dans sa tête : peut-être l’Allemand a besoin de temps pour apprendre à draguer. Il mûrit pendant toutes ces années, et est bon pour la récolte après 40 ans. L’ami du bureau va avoir 28 ans demain. Elle monte sur son vélo dépitée. Elle est bonne pour ramer, et ramer et encore ramer…

Bah c’est pas pour tout de suite…

Fin.

Après relecture de cet article nous réalisons qu’il pourrait tout à fait entrer dans la catégorie « Nuits Blanche » de notre cher magazine.
Les répliques du Prince « il y a plein de bonnes choses ici » et « je suis un grand garçon » nous apparaissent maintenant sous un tout autre jour. #LeRappeler? On se pose la question.

Si vous aussi vous trouvez que cet article n’a pour intérêt que le GIF de la fin, plussez 1.