L’une des dernières tendances du capital risque américain est le financement de services de «valets», en français dans le texte. Dans sa forme actuelle, déployée par des start-up comme Luxe ou Zirx, ce «valet» est un voiturier mobile: en quelques clics, il surgit comme par magie au coin de la rue et s’occupe de garer votre voiture, puis de vous la remettre à l’endroit de votre choix. Quelques start-up testent le marché en France. L’une d’elles, Pop Valet, compte dix voituriers, répartis dans les quartiers chics de la Rive droite parisienne (Ier, IIe, VIIIe, IXe et XVIIe arrondissements).
«Quand vous lancez un service, vous ne savez pas qui va l’utiliser à l’avance», remarque Alexandre Poisson, le cofondateur de Pop Valet, dont le service revendique pour le moment 3.000 utilisateurs réguliers. Sa clientèle est composée soit de cadres qui vont à un rendez-vous d’affaires et n’ont pas le temps de tourner pour trouver une place de parking, soit d’automobilistes qui sortent dîner ou au cinéma et souhaitent s’épargner cette même corvée. Même si le service paraît réservé à une élite d’automobilistes qui roulent en voitures haut de gamme, il revient un peu moins cher que l’équivalent de temps facturé par un parking parisien (5 euros la prise en charge puis 3 euros par heure et 20 euros maximum par jour).
Comme l’explique son cofondateur, le nom du service Pop Valet est un jeu entre les sens français et anglais du terme «valet», et le «pop» veut signifier la possibilité que le valet surgisse comme de nulle part dans les embouteillages pour délester l’automobiliste du fardeau des derniers mètres. Il est peut-être aussi là pour convaincre le futur utilisateur qu’avoir un voiturier est «pop», à la portée de tout à chacun. En adoptant les codes du luxe, et en remettant de la distance entre le client et le prestataire, Uber a démocratisé l’accès à la «voiture de grande remise», l’ancêtre français du VTC. La déculpabilisation du«on demand» pourrait convaincre une clientèle plus large, qui désormais roule en Uber régulièrement, d’étendre son domaine de prise en charge à d’autres secteurs de la vie quotidienne: «On bénéficie de l’évangélisation d’Uber», admet le patron.
Le modèle Pop Valet est cependant assez atypique: les voituriers sont salariés en CDI, ce qui est l’exception dans les nouveaux modèles de plateformes numériques, et le service est rentable car il repose sur l’optimisation de places de parking gérées par une autre start-up des mêmes fondateurs, Parkadom.
Mais ce retour des emplois de serviteurs, encore anecdotique, ne se limite pas à la prise en charge du parking. Autre format «à la demande» et à la tâche inspiré du modèle Uber, l’activité de concierge ou de majordome personnel pourrait concerner le spectre plus large des cadres urbains dont la carrière empiète sur la vie domestique. C’est ce que propose Mr Gustave, «l’appli qui dépoussière la conciergerie», un service de «majordomes à votre dispositions 7 jours/7, 24 heures/24 et en moins d’une heure». Le service concerne toutes les taches quotidiennes dont s’occupait justement un majordome traditionnel, et qui peuvent aller de la réservation du restaurant au temps passé dans une file d’attente à la place du client en passant par les petites courses et la paperasserie. (…)