Thomas

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Je suis venue pour lui. Je n’étais pas sûre de m’y rendre cette année mais quand j’ai vu qu’il jouerait dans l’un des théâtres du festival j’y suis allée. Je n’ai pas réfléchi. J’ai fourré deux robes dans ma valise et je suis montée dans le train. À vingt-trois heures je fume une cigarette devant l’entrée du théâtre. A vingt-trois heures dix il sort enfin, transpirant, les cheveux blonds en bataille – comme toujours, mes doigts s’agitent contre mon sac à main. Il serait malvenu de passer ma main dans sa crinière tout de suite… Je lui souris.

« Maia ? C’est toi ?

— Je t’emmène prendre un verre ? »

Nous nous asseyons en terrasse, près du canal. Je commande un rosé, il me suit, et une grande bouteille d’eau parce que quand même il fait chaud… C’est vrai qu’il fait chaud. Je le mords des yeux. Thomas c’est le souvenir d’un été moite à faire l’amour sur les pavés d’une ruelle abîmée, entre deux répétitions de théâtre. Mon partenaire sur scène il y a deux ans. Hors scène ça n’a pas duré. Ces cheveux… J’ai du mal à regarder ailleurs. Il ne fait pas la conversation, tant mieux. Ne me pose pas de questions sur ma vie, mon métier, mes passions ou je ne sais quoi. Je ne lui en pose pas non plus. Nous parlons théâtre. La pièce, le festival… Nous terminons la bouteille commandée après coup. Il est quatre heures du matin.

« Thomas je t’aime beaucoup tu le sais mais je vais fermer là. Oh, Maia ! Je ne t’avais pas reconnue ! »

Je me lève pour embrasser Fanny, ma robe s’accroche à la table, se soulève plus que prévu. Ce n’était pas nécessaire mais j’apprécie le clin d’oeil du destin. Thomas esquisse un sourire avant de détourner le regard. Non, je n’ai pas de culotte, je n’en mettais déjà pas à l’époque.

Fanny emporte avec elle les verres et éteint les lumières.

« On va boire un…

— Oui. Chez moi. Je suis à côté. »

Nous marchons en silence dans les ruelles… Les murs rendent la chaleur de l’après-midi. Des gouttes de sueur perlent sur ma nuque. Thomas passe sa main dans ses cheveux, une fois, deux fois, je lui attrape fermement le poignet. Non, nous n’avons plus l’âge de nous sauter dessus en pleine rue. J’arrive à la porte du Airbnb. J’ouvre la grille et monte les quelques marches. Thomas s’est arrêté derrière moi. Il a l’air d’hésiter. Merde. Une copine ?

« Thomas, viens. Fais pas chier. »

Il me regarde droit dans les yeux, soupire, disparaît. Merde. Je lève les yeux au ciel, redescend les marches, il s’est arrêté à l’angle de la rue. La main dans les cheveux.

« Thomas, il est quatre heures. Rien n’existe après quatre heures. »

Il tressaille, se retourne, me rejoint.

Dans l’escalier qui monte au deuxième étage la sensation de la soie contre ma peau me fait frémir. Mes cuisses ont des spasmes, se serrent l’une contre l’autre pour mieux presser mon clitoris. Il est dans mon dos là, juste derrière, Thomas, son corps d’adolescent, ses cheveux blonds. J’ouvre la porte, entre, fais tomber mon sac au sol, il est resté dans le couloir. Je m’appuie dos au mur, je le fixe. Les secondes passent, mes doigts dessinent mon visage, descendent dans mon cou, mes seins, puis gagnent le bord de ma robe… Il se jette sur moi. Ses mains agrippent mes fesses, son torse me presse contre le mur de pierre. Il me mord, il me punit.

« Deux ans de silence Maia, putain… »

Je soupire plus fortement, du bout du pied je referme la porte. Il s’agenouille, colle son visage à mon sexe, il embrasse l’entrée de mon vagin, son nez s’écrase sur mon clitoris plus gonflé que jamais. Ma robe est sur sa tête, il remonte vers mon nombril, la soulevant au passage. Je finis par m’en débarrasser tandis qu’il ôte son pantalon de lin et son tee-shirt. À mon tour de le plaquer contre la porte. Il gémit. Mes mains plongent dans ses cheveux tandis que je mord le lobe de son oreille. Je l’embrasse, le lèche, multiplie les suçons, mes seins se frottent contre lui mais il me retourne brutalement. Ma joue s’écrase contre le mur tandis qu’il m’oblige à me cambrer. Du bout du pied il écarte mes cuisses, il place mes mains sur le mur et s’agenouille à nouveau. Cette fois ce sont mes fesses qu’il lèche et mord avidement.

« Thomas arrête je vais jouir »

Je tente de bouger mais il maintient mes chevilles en place. J’explose dans un cri.

Il se relève alors et me soulève. Je n’ai déjà plus de force. Il me jette sur le lit, me tire par les jambes et se place debout devant moi. J’appuie mes pieds sur son torse et soulève à peine mon bassin. Je lui tends un préservatif et le regarde l’enfiler. Je reprends mon souffle, oui, j’ai toujours envie de lui. Insatiable quand c’est avec lui.

Il me pénètre, me regarde droit dans les yeux. Il souffle une mèche de cheveux qui lui tombe devant les yeux. Je me laisse totalement posséder. Les deux fenêtres ouvertes laissent passer une brise délicieuse. Mes seins se tendent à nouveau, son regard s’enflamme, je le sens plus dur en moi, toujours plus dur, je plaque alors mes doigts sur mon clitoris et me masturbe sans le quitter des yeux. Il est tellement beau mon comédien.

Il jouit dans un râle, je le suis de peu. Je souris. Trois jours. J’ai réservé l’appartement pour trois jours.